Baisse de libido à la ménopause
On le lit et on l’entend régulièrement : chez les femmes, durant et après la ménopause, l’envie de faire l’amour diminue. Il est naturel d’en attribuer la responsabilité aux hormones, tout comme à de nombreux autres troubles durant cette phase de la vie. Mais le lien de cause à effet n’est pas si simple. D’autant plus qu’il existe de nombreuses femmes qui ne commencent à profiter de leur vie amoureuse qu’après la ménopause.
Ce qui est sûr, c’est que l’équilibre hormonal des femmes au milieu de leur vie subit de profonds changements. Pendant la ménopause, avant même les dernières règles, les ovaires produisent des hormones de manière assez irrégulière. Des phases de carence en œstrogènes alternent avec des phases où la production de ce neurotransmetteur est trop importante. A la fin de ce processus, les ovaires cessent de produire des œstrogènes et le taux se stabilise enfin à un minimum.
Les hormones vues comme “perturbatrices”
Pendant cette véritable montagne russe hormonale, les glandes surrénales, les ovaires et le tissu adipeux continuent toutefois à produire des androgènes, c’est-à-dire des hormones comme la testostérone. Elles passent pour ainsi dire au premier plan.
De nombreuses femmes les considèrent plutôt comme des “perturbateurs”, car ces messagers sont également responsables des petits poils qui poussent maintenant peut-être sur la lèvre supérieure, des cheveux de plus en plus fins sur la tête ou des boutons sur le visage.
La silhouette est également influencée par les androgènes. La graisse s’accumule désormais de préférence sur le ventre et non plus sur les hanches ou les fesses comme auparavant. La silhouette du corps change – et cela peut aussi être assez perturbant.
Supprimer les inhibitions physiques
Toutefois, il faut se rappeler que la testostérone est également l’hormone du désir. Vous avez compris : la modification de l’équilibre hormonal à elle seule ne suffit pas à expliquer une perte de libido. La baisse du taux d’œstrogènes a un effet médicalement prouvé sur la sexualité. La peau ne retient plus autant d’eau. Les muqueuses, en particulier, deviennent plus sèches, plus fines et perdent de leur élasticité. Le vagin est moins bien irrigué et ne se dilate plus aussi bien.
Bien sûr, cela peut poser des problèmes lors des rapports sexuels. En l’absence de lubrifiant anatomique, les rapports sexuels ne se dérouleront plus de façon optimale, et peuvent devenir sec et douloureux. Le risque de blesser la muqueuse sensible est grand et la sensibilité aux infections augmente. Dans ce cas, les gels lubrifiants ou les crèmes et suppositoires contenant des œstrogènes peuvent certes bien y remédier.
Mais comme nous l’avons dit, cette situation correspond à un contexte de manque d’excitation. Différentes études montrent que le fait qu’une femme reçoive la stimulation érotique dont elle a besoin est tout à fait décisif. Si cette stimulation est optimale, le corps d’une femme ménopausée présente exactement les mêmes signes d’excitation physique que celui d’une jeune femme – cela prend peut-être juste un peu plus de temps.
Bien sûr, les troubles liés à l’âge peuvent également nuire aux relations sexuelles, par exemple l’incontinence. Mais il existe plusieurs solutions naturelles pour soulager les vessies moins toniques et améliorer le confort urinaire.
La relation de couple joue un rôle important
Cela montre que le manque de désir durant et après la ménopause ne peut pas être uniquement lié à des changements organiques. L’émotionnel et le mental jouent un rôle fondamental. Par exemple, si un couple avait une bonne sexualité avant la ménopause, il y a de grandes chances pour qu’il en reste ainsi après. A contrario, si le couple éprouvait déjà des problèmes sexuels, ceux-ci risquent de s’aggraver lors de la ménopause.
Le fait que de nombreux couples ne parlent pas de leurs besoins sexuels peut également se manifester clairement à ce moment-là. En matière d’amour, les possibilités de malentendus ne manquent pas. Se faire part ouvertement de ses désirs aiderait, mais de nombreux couples n’y parviennent pas. Souvent, la sexualité s’endort complètement pour ces raisons – même si les deux partenaires en ont envie.
Le vieillissement comme tabou
Un autre facteur est tout à fait décisif dans l’examen de la libido féminine. La sexualité est encore taboue chez les femmes au-delà de l’âge de la fertilité. Notre société est obnubilée par la jeunesse – surtout chez les femmes. Un homme aux tempes grisonnantes est encore considéré comme séduisant et intéressant. Les femmes sont en revanche influencées par un « double standard » en ce qui concerne le vieillissement. Bien avant les hommes dans l’âge, elles sont perçues peu attrayantes, vieilles et asexuées.
De nouvelles libertés
D’un autre côté, il ne faut pas oublier qu’un nombre non négligeable de femmes apprécient davantage leur vie amoureuse après la ménopause que lors de leur jeunesse. La contraception gênante et la crainte d’une grossesse non désirée disparaissent. Les enfants sont partis de la maison et on peut s’adonner à l’érotisme de manière beaucoup plus spontanée. Et à cet âge de nombreuses femmes savent beaucoup plus précisément ce qu’elles veulent (et ce qu’elles ne veulent pas) qu’à 20 ou 30 ans.
Mais n’oubliez pas, surtout : le plaisir se trouve toujours d’abord dans la tête. Il n’est lié que de façon accessoire à la modification de l’équilibre hormonal, qui elle-même peut être soulagée à l’aide d’un traitement de remplacement hormonal ou de la consommation de plantes comme la sauge. Si des restrictions physiques apparaissent, comme la sécheresse vaginale et les douleurs pendant les rapports sexuels, ou si une femme se sent gênée par ses sueurs ou une faiblesse de la vessie, elle pourra en parler ouvertement à son gynécologue afin de chercher ensemble la meilleure solution à ces problèmes.